Sixième assemblée générale de l’association

Par Anne-Laure Linet, secrétaire d’Astres

Le mardi 29 avril 2025 avait lieu la sixième assemblée générale de l’association Astres dans l’hôtel particulier du musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Ce moment a permis aux adhérents de se retrouver, de faire le bilan du travail réalisé en 2024 ainsi que d’évoquer les projets à venir.

Le bilan moral et financier de l’association est au beau fixe et de nouveaux projets peuvent ainsi voir le jour, comme la création d’une revue conçue par Astres. Cette revue annuelle accompagnera et diffusera les réflexions de l’association sur la recherche de provenance, avec l’intervention de divers invités, académiques et professionnels. Le numéro zéro de cette nouvelle revue paraîtra avant la fin de l’année 2025.

Par ailleurs, le prix Marcel Wormser est renouvelé pour une troisième édition et l’appel à candidatures s’est clôturé fin mai. Cette année, le prix se renouvelle et sa dotation évolue : désormais, chaque lauréat recevra une récompense financière à hauteur de 2000€. La qualité des travaux soumis au Grand Prix et au Prix Spécial est en effet remarquable et ne saurait souffrir d’une différenciation autre que tenant au statut des candidats.

Enfin, l’assemblée générale a été l’occasion de renouveler, à l’unanimité, la composition du bureau pour un mandat de 3 ans (2025-2028). Corinne Hershkovitch demeure la présidente de l’association et Baudoin Lebon son vice-président. Deux nouveaux membres ont été élus au sein du bureau : Mathieu Servien à la trésorerie et Anne-Laure Linet au secrétariat.

À l’issue de l’assemblée générale, un temps de discussion a permis de mettre en lumière le travail de plusieurs chercheuses de provenance de l’association.

Hélène Ivanoff a présenté les trois projets de recherches sélectionnés en 2024 par le Fonds franco-allemand de recherche sur la provenance des objets culturels d’Afrique sub-saharienne. Ces projets ont vocation à reconnecter les méthodes européennes de recherche de provenance au continent africain et chacun d’entre eux rassemble des institutions françaises et allemandes, ainsi que des partenaires originaires d’Afrique. Les trois projets présentés sont intitulés PROBAMA, projet auquel Hélène Ivanoff participe, PROHUMSTRA et Rematriation ; plus d’informations sont disponibles ici.

La soirée s’est ensuite poursuivie par une conférence dédiée à la présentation de la mission d’audit des collections du musée des Beaux-Arts de Rouen, conduite par Hélène Ivanoff, Denise Vernerey-Laplace, historienne de l’art, et Marie Duflot, doctorante, avec l’assistance juridique de Me Corinne Hershkovitch. En coordination avec Diederik Bakhuÿs, conservateur du musée rouennais au moment de la mission, cet audit a permis d’identifier des provenances certaines et des provenances incomplètes, voire problématiques, et d’avoir une meilleure compréhension de l’histoire des collections du musée.

Cette collection se compose d’environ 20 000 items, dont 3 150 peintures et environ 10 000 œuvres d’art graphiques ; plus de la moitié de la collection du musée a été acquise par don entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1970. Dans le cadre de cet audit, la donation d’Henri Baderou a été tout particulièrement étudiée car elle compose une partie non négligeable des collections du musée et qu’il n’existe pas d’information sur la vie de ce marchand entre 1939 et 1945. Ces dates posant évidemment question, il a été nécessaire de mener un véritable travail de recherche de provenance sur cette donation.

Très concrètement, la mission d’audit a débuté en janvier 2023, après qu’un cadre financier et méthodologique ait été proposé à la métropole de Rouen en octobre 2022. Il était essentiel, en premier lieu, de créer une cartographie des risques des collections avec la mise en place d’une méthodologie adaptée au musée et à ses spécificités. Lors de la première phase de recherches, trente-huit œuvres avec des provenances très incertaines ont été prioritairement identifiées et étudiées. Il s’agissait naturellement des neuf tableaux MNR (Musées Nationaux Récupération) conservés au musée, ainsi que de trois œuvres acquises par le musée sur le marché de l’art et vingt-six autres œuvres choisies parmi des donations et legs. Cette étude a permis d’être rassuré sur les risques de spoliations faibles de la collection du musée et a également permis d’identifier des cas sur lesquels il serait difficile d’avancer, faute d’archives, notamment dans le cas du fonds de dessin légué par Henri Baderou. La deuxième phase du projet s’est achevée en décembre 2024 avec la réalisation d’une étude systématique de 1200 œuvres conservées dans les réserves du musée et l’étude approfondie d’une quarantaine d’œuvres.

Cette mission d’audit révèle l’engagement croissant des musées français, soucieux de la provenance de leur collection. En effet, ces missions continuent (lentement, mais sûrement) à se multiplier depuis 2024, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, au musée Carnavalet, au musée Pincée d’Angers ou encore aux musées de Strasbourg. Une nouvelle vague de financement de la part du ministère de la Culture a pu être dégagée et divers appels d’offres ont été publiés ces derniers mois, afin de développer et systématiser les recherches de provenance dans les musées français.

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