Par Dominique Levy Roul
Conférence du 14 octobre 2024 à l’auditorium Michel Laclotte du musée du Louvre en présence de Marion Bursaux, représentante de la famille Javal, Léa Veinstein, philosophe et documentariste, David Zivie, mission de recherche et de restitution des biens spoliés entre 1933 et 1945, ministère de la culture, et Sébastien Allard, directeur du département des peintures du musée du Louvre.
La conférence organisée par le musée du Louvre, présente deux natures mortes de Floris van Schooten et de Peter Binoit (MNR 708 et 709), qui viennent de faire l’objet d’une donation de la famille Javal. Les quarante-huit ayants droit de Mathilde Javal, récemment retrouvés grâce aux démarches proactives de l’État, ont décidé d’offrir au Louvre ces tableaux, qui viennent de leur être restitués, en mémoire des cinq membres de leur famille déportés et assassinés à Auschwitz. Depuis le mois de juin 2024 et jusqu’au 6 janvier 2025, ces tableaux, qui étaient déjà présents dans les collections du musée du Louvre, sont exposés dans l’aile Richelieu (salle 831) dans une présentation retraçant l’enquête qui a permis aux chercheurs des Archives Nationales de France, du ministère de la Culture et de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations d’identifier la famille juive spoliée.
Une restitution qui devient une donation, c’est suffisamment rare pour le souligner par une conférence et une exposition dossier dans les salles du musée du Louvre.
David Zivie a introduit la conférence en rappelant brièvement « l’histoire des biens MNR » et le contexte de la présentation. Les recherches effectuées pour retrouver les ayant droit de Mathilde Javal, qui n’avait pas eu d’enfant, ont duré 10 ans. Le travail effectué par les Généalogistes de France a permis de recomposer l’arbre généalogique de la famille présenté dans l’exposition du Louvre.
Marine Bursaux et Sébastien Allard sont revenus sur les différentes étapes et réflexions qui ont abouti à la donation. La démarche fut délicate à réaliser, tant du point de vue du département des peintures que de celui des nombreux ayant droits qui pour la plupart ne se connaissaient pas et découvraient leur histoire et celle de leurs ancêtres. Des discussions ont eu lieu pour savoir si les tableaux devaient être vendus ou donné ? Mais à quelle institution ? Celle qui les a conservé et présenté au public depuis les années 1950 ? Le Mémorial de la Shoah ? Le choix du Louvre a été fait en concertation avec la famille, la M2RS et le Louvre.
Marine Bursaux a réalisé un important travail de mémoire très émouvant autour de ces œuvres mais surtout pour reconstituer le passé de ses ancêtres. Pour elle et sa famille, il n’est pas question de se réapproprier un bien culturel mais plutôt de reconstituer le parcours de ce bien et celui de ses anciens propriétaires. D’autres familles sont dans le même cas.


Pour aller plus loin :
– Exposition des deux peintures au musée du Louvre
– Communiqué de presse du Louvre
– Podcast « A la trace », épisode 3 : Inconnus à cette adresse