De Madrid à Madrid, des restitutions au nom de la mémoire démocratique

Le 25 mai 2025, les descendants de Pedro Rico, ancien maire républicain de Madrid, contraint à l’exil au Mexique puis en France par les forces franquistes, récupèrent sept toiles issues de la collection de leur grand-père, 87 ans après leur pillage et leur dispersion.

Cette restitution a été permise par le vote d’une loi « sur la mémoire démocratique » en 2022, qui envisage plusieurs types de réparations dont, à l’article 31, l’indemnisation pour les victimes de spoliations de biens culturels sous le franquisme. Il dispose aussi que « l’administration générale de l’État lancera toutes les initiatives nécessaires pour la recherche » de ces œuvres.

Sans doute dans la perspective des commémorations des cinquante ans de la mort de Franco, en novembre prochain, le ministère de la culture à Madrid s’est mobilisé et a mis en ligne en juin 2024 une première base de données de ces œuvres spoliées. En ce mois d’août 2025, 6 697 œuvres sont répertoriées, à partir d’une étude des collections des seize musées nationaux dépendant du ministère. Le Prado à Madrid avait réalisé sa propre enquête permettant d’identifier dans ses réserves 70 œuvres pillées.

En ce qui concerne les biens du maire P. Rico, ses descendants ont déposé une requête en mai 2024 pour 85 œuvres et 23 tableaux confiés en 1938 à la Junta du Trésor artistique, l’organisme républicain chargé de protéger le patrimoine en temps de guerre. Celui-ci les met à l’abri dans une réserve du Prado. Mais après la chute du gouvernement républicain les objets et les œuvres seront dispersés dans les administrations, les résidences privées de Franco ou de membres de l’Opus Dei, des églises ou encore de simples particuliers en effaçant leur trace de provenance par l’organe symétrique du régime franquiste , le  « service de défense du patrimoine artistique national ». Ces œuvres n’ayant jamais été ni exposées, ni acquises, un simple arrêté ministériel peut en attribuer la réaffectation et la restitution.

Mais si l’acte de rétrocession en est simple, le processus est tardif, lent et lourd, rendant l’assistance d’un avocat nécessaire. Et il reste que seul le ministère de la culture et les musées nationaux ont procédé aux recherches et inventaires des biens spoliés ; aucune autre administration bien que la loi de 2022 en fasse une obligation légale.  Et cette loi, votée à une très courte majorité, est susceptible d’être remise en cause dans l’avenir par des majorités politiques différentes.

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