Le retour en Inde d’une partie du trésor de la tombe de Buddha. Une restitution ?

En mai dernier, deux jours avant la date prévue pour une enchère à Hong Kong de 334 pierres précieuses, Sotheby’s a accepté de suspendre la vente. Elle avait été saisie d’une demande assortie d’une menace de procédure par le ministre de la Justice d’Inde et un ensemble d’autorités du bouddhisme mondial pour violation de la convention de Washington, « exploitation coloniale continue », spoliation de biens inaliénables de la culture indienne et objets sacrés de la communauté bouddhique.

L’origine de ces joyaux, au moins 300 ans av. J-C, est documentée par plusieurs archives. Excavé par William Claxton Peppé, dans un stûpa érigé sur son domaine à Piprawa, situé à quelques kilomètres du village de naissance de Buddha au Népal actuel, le trésor avait été, à cette époque, 1898, divisé entre plusieurs royaumes, en huit parts dont plusieurs sont aujourd’hui au musée de Calcutta, non exposées au public. Peppé avait pu conserver, officiellement, le cinquième de la totalité des 1800 pièces, des « doubles », découverts avec les restes, os, cendres et poteries du Buddha. Les autorités requérantes contre Sotheby’s avançaient que seul un « gardiennage » (custody) avait été confié au colon et que ces pierres provenant d’une tombe abritant les restes corporels du bouddha devaient revenir sur le sol indien et vénérés par les croyants.

Trois cousins britanniques descendants de Peppé, ont hérité de ce bien en 2013 et auraient cherché, selon le site web diffusé par eux-mêmes, à ce que ces pierres retournent en Inde, les exposant dans plusieurs musées internationaux (au Met en 2023).  La posture des héritiers ne débouchant pas, ils en confient la vente à Sotheby’s dont le site reprend dans sa présentation, sans détour, l’origine géographique, historique et sacrée de ces objets.

Après la semonce des autorités indiennes et religieuses, Sotheby’s a admis « in light of the matters », « compte tenu du sujet », que pourtant la maison connaissait parfaitement que la vente devait être suspendue mais pas annulée et mis deux mois pour trouver un compromis. Un acheteur privé, industriel indien, a acquis les pierres pour un montant non révélé (l’estimation était de 13 millions de dollars US) et s’est engagé à ce qu’elles soient vénérées dans un temple pendant trois mois, puis exposées au public au National Museum pendant cinq ans. En juillet 2025, le Premier Ministre indien, Mohdi s’est félicité de ce partenariat public/privé qui ne semble pourtant pas garantir ni la pérennité du retour en territoire indien de ces joyaux, ni leur exposition aux publics, tant laïcs que religieux.

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