Les principes de Washington ont été adoptés par 44 États en 1998. Ils adressent la question des biens culturels confisqués par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et le cœur de ce document consiste en une incitation à rechercher une « solution juste et équitable » face aux demandes de restitution.
La Suisse a adopté ces principes dès 1998 et se montre en effet concernée par la provenance des collections de ses musées. Récemment, le Conseil d’État du canton de Bâle-Ville a été proactif dans ce domaine. Il a sous sa responsabilité cinq musées cantonaux, qu’il encourage à poursuivre des recherches de provenance de manière plus active et systématique. À cette fin, le gouvernement cantonal a annoncé un budget de 250 milles francs suisses (à partir de 2023) dédié à la recherche de provenance pour les musées du canton. L’objectif est de gagner en clarté sur l’origine des collections muséales et d’améliorer la transparence des recherches en partageant les résultats.
Certains musées suisses n’ont pas attendu cette prise de position pour se pencher sur la provenance de leurs collections, qui ont pu être le sujet de polémiques. C’est le cas notamment du Kunsthaus de Zurich qui accueille la collection d’Emil Georg Bührle (1890-1956), industriel dans l’armement. Certaines œuvres du collectionneur sont liées aux spoliations juives et ventes forcées pendant la guerre.
Le Kunstmuseum de Berne est également au centre des débats depuis 2014, année du legs Gurlitt. Cornelius Gurlitt (1932-2014) a fait du musée le légataire de sa très riche collection d’art, en partie héritée de son père Hildebrand Gurlitt (1895-1956) qui était marchand d’art sous le régime nazi. La collection compte environ 1600 œuvres dont quelques dizaines ont été spoliées ou sont soupçonnées de l’avoir été. C’est ainsi que le Kunstmuseum de Berne a été le premier musée suisse à se doter d’un département de recherche de provenance. Nikola Doll dirige ce département et a organisé deux expositions sur le legs en 2017 et 2018. Une troisième exposition a été inaugurée en septembre dernier au musée de Berne, après 8 années de recherche sur la collection Gurlitt, et s’intitule “Gurlitt. Un Bilan”.