Allemagne

L’État allemand assume son passé nazi ainsi que son passé colonial et examine les spoliations perpétrées durant ces périodes. Il ne se borne pas à le déclarer, il en organise l’étude et la réparation, et il accorde à ces démarches les fonds nécessaires.

Une première organisation est créée en 1952, au temps de la République fédérale d’Allemagne, la Treuhandverwaltung für Kulturgut (TVK) ou administration fiduciaire pour les biens culturels, chargée de la conservation des biens culturels spoliés par les nazis entre 1933 et 1945. Cependant pendant les dix ans de son activité (1952-1962) elle n’a pu restituer que 16 000 œuvres à leurs propriétaires ou leurs ayant-droits. Lors de sa fermeture elle a transféré 20 000 œuvres orphelines au Ministère fédéral de la justice.

L’État fédéral et les Länder créent en 1998 le Bureau de coordination pour les pertes de biens culturels, à Magdebourg. En 2001, ce Centre a constitué la base de données Lost Art (Art perdu) en lançant de larges recherches sur les biens volés par les nazis et les biens déplacés pendant la guerre. Le Bureau de recherche sur la provenance des biens a été créé en 2008 au sein de l’Institut de recherche muséale des musées d’État de Berlin et a été chargé d’attribuer des subventions publiques. Ces fonds ont permis aux musées, bibliothèques et archives  de passer au crible leurs collections à la recherche d’éventuels biens volés par les nazis.

La saisie par l’État des biens artistiques de Cornelius Gurlitt, rendue publique par les médias en novembre 2013 et qui a eu un écho médiatique mondial, a sensibilisé le public à l’ampleur du vol d’œuvres d’art par les nazis et a agi comme un catalyseur pour le développement de la recherche sur la provenance des œuvres d’art en Allemagne. C’est ainsi qu’a été créé le 1er janvier 2015 le Centre allemand de recensement et de gestion des biens culturels spoliés (Deutsches Zentrum Kulturgutverluste), dont le siège est à Magdebourg. Ce centre est placé sous la responsabilité du gouvernement fédéral des Länder et des associations de communes, et s’occupe historiquement des spoliations dues aux lois antisémites de la période 1933-1945, ainsi que, depuis 2019, des biens culturels provenant de contextes coloniaux. Il octroie des subventions et développe des normes et des critères pour la recherche de provenance. 

Les crédits alloués par l’État allemand à la recherche de provenance sur les biens spoliés par les nazis s’élèvent depuis 2018 à 44,9 millions d’euros. Des centaines de projets sont en cours de financement. Des postes ont été créés dans les universités pour la formation en recherche de provenance.

Plusieurs des œuvres découvertes chez Cornelius Gurlitt.
Crédit : AFP / Lost-Art
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