Les survivants de la Seconde guerre mondiale sont aujourd’hui en très petit nombre. Les survivants des spoliations nazies sont encore moins nombreux, leurs héritiers vieillissent et/ou ne sont pas toujours conscients du préjudice qu’ont subi leurs aînés ni en mesure de faire entendre leur voix. Le travail de mémoire s’impose donc pour préserver et transmettre les faits et les valeurs, pour éviter les dérives et pour réparer, tant que faire se peut, les crimes. Alors que beaucoup préféraient, après la guerre, tourner la page et effacer les stigmates, ou traiter la question par l’ignorance et le mépris, arguant que ces questions étaient purement matérielles.
Il en va de même pour toutes les spoliations imposées à des peuples sans défense par des conquérants ou des colons, ainsi que pour les biens culturels volés. Le travail de mémoire est un devoir pour que ces épisodes ne s’évanouissent pas dans l’oubli.
Retrouver les traces
Ce travail de mémoire consiste à mettre au jour le déroulement des faits, à expliquer les mécanismes et les filières à l’œuvre.
Dans le cas des œuvres d’art, le travail de mémoire s’efforce de remonter à la source et de suivre l’œuvre depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, dans ses déplacements, ses expositions, ses changements de mains – qu’ils soient corrects ou discutables. Son but est de recomposer la vie de l’œuvre et de débusquer les blanchiments.
Quand ce travail aboutit à la restitution d’une œuvre aux héritiers légitimes, c’est un succès majeur. Ce n’est pas toujours le cas mais l’impératif moral demeure : il faut chercher.
Le commerce de l’art – via les maisons de ventes, les galeries, etc. – s’en trouvera raffermi, le doute ayant été levé sur certaines transmissions.